Dans le contexte de crise où l'emploi manque cruellement, Pôle
emploi (ex Anpe/Assedic) constitue un outil de contrôle social plus redoutable
que jamais. Sa mission : réintégrer de force les
« improductifs » dans les liens du travail, et surtout du travail
précaire.
Afin de généraliser le travail précaire par un chantage à
l'indemnité, le patronat se dote en 2001 du Plan d'Aide au Retour à l'Emploi
(PARE). Ce PARE établit pour la première fois une responsabilité individuelle
du travailleur face à un marché de l'emploi déprimé. Résultat : entre 2001
et 2002, le nombre de radiations augmente de 35%.
En 2006, le Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi (PPAE)
introduit le Suivi Mensuel Personnalisé (SMP). Le travailleur privé d'emploi se
voit alors contraint de se rendre à un entretien mensuel sous peine de
radiation. Résultat : de 2004 à 2006, dans les motifs de sorties de
l’ANPE, le nombre de radiations « accidentelles » a augmenté de 30%, celui des
radiations administratives (absence à convocation) de 39%, celui des « autres
motifs » (sanctions) de 28%, et les entrées en emploi ou en formation… de 2%.
En 2009, la fusion de l’Anpe et du réseau des Assedic crée un
organisme unique chargé à la fois d’indemniser les chômeurs et de faciliter
leur recherche d’emploi : Pôle Emploi. Prenant acte de l'échec du suivi
mensuel personnalisé - un objectif jamais atteint -, Pôle emploi présente un
nouveau plan stratégique le 21 juin 2012. Ce plan comporte 2 mesures
emblématiques :
1/ Un accompagnement différencié selon les profils :
- accompagnement renforcé pour les plus fragiles : les conseillers
chargés de les accompagner devront suivre au maximum 70 personnes (contre 161
en moyenne actuellement),
- accompagnement "guidé" pour ceux qui ont "besoin
d'un appui régulier",
- un simple "appui" pour les chômeurs
"autonomes" dans leur recherche.
Les "volontaires" se verraient proposer un
accompagnement "100% web" et dématérialisé (par e-mail, téléphone,
chat).
2/ Le contrôle des chômeurs par des équipes dédiées.
Des expérimentations avec des équipes dédiées au contrôle de la
recherche d'emploi seront lancées en 2013.
Mais le summum sur le contrôle est atteint par une proposition du
directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, qui, seul, fait valider
l’expérimentation de la création d’un corps de contrôleurs. Il le dit lui même
: « ils pourront aller jusqu’à contrôler un demandeur d’emploi chez lui et même
tracer ses connexions Internet ». Ce qui est totalement illégal.
C’est donc bien une volonté répressive qui est organisée par Pôle
emploi.
Pour résister, nous devons nous regrouper. Nous menons une
campagne contre le contrôle social des chômeurs en proposant un cadre
d’informations juridiques et d’actions collectives pour « stopper les
radiations » du Pôle Emploi. Qu’est ce qu’on y gagne ? Beaucoup de bons
moments et du contrôle social en moins, parce qu’un précaire qui ramène vingt
accompagnateurs quand son conseiller à l'emploi ou son travailleur social le
fait chier a de grandes chances qu’on lui foute la paix quelque temps, même en
cette période de pressions accrues.
Si vous êtes victime de contrôles, de sanctions ou de radiations,
contactez nous ou passez directement à l’une de nos permanences au 1bis impasse
Emilie à Chelles, chaque mercredi de 18h00 à 20h00.