10/11/2012

OAF n°4 : Pôle emploi, le controle social s'accélere



Chaque année, Pôle Emploi procède à prés de 500 000 radiations. Lorsque le couperet tombe l'allocation chômage est suspendue pour une durée de 2 mois. Durant cette période, l'identifiant 147852 P radié pour s'être présenté 7 mn en retard à son RDV devra se démerder pour continuer à vivre, se loger, s'alimenter, payer ses factures et ne parlons même pas de l'accès aux loisirs. 

Pour Pôle emploi, l'identifiant 147852 P n'est qu'un chiffre, une statistique parmi tant d'autres permettant aux agents de déshumaniser les situations et d'appliquer à la lettre des directives visant à contrôler et punir les classes populaires privées d'emploi. 

Submergés par le nombre d'inscrits au chômage, les agents sont invités à gérer un « portefeuille » de demandeurs d'emploi. L'identifiant 147852 P n'est alors plus considéré comme un usager mais comme un client ayant tendance à se multiplier... Ces « portefeuilles » plafonnent en moyenne à 200 chômeurs par conseiller et peuvent atteindre des pics à 350 dans le 93 !

Une fois sa peine terminée, l'identifiant 147852 P peut de nouveau être considéré comme une ressource financière. En  effet, dès sa réinscription,  l'identifiant 147852 P s'est vu proposer de manière unilatérale un suivi par une boite privée. Entre les radiations et le suivi externalisé tous les moyens sont bons pour diminuer les portefeuilles! Or, depuis la fusion, l'externalisation du suivi s'est généralisée. La privatisation rampante du service public de l’emploi progresse. Des boites privées remportent des marchés pour des ateliers ou des prestations bidons et s'engraissent sur le dos des chômeurs et des précaires.  Parmi ces requins, nous retrouvons par exemple Altedia créée par Raymond Soubie, conseiller spécial de Sarkozy !! Ce cabinet de reclassement a remporté le suivi des ouvriers de l'usine Continental. Sur les 1120 licenciés,  250 ont été reclassés. Pour ce carnage, Altedia a touché la modique somme de 6 millions d’euros.

Entre les privatisations, la dématérialisation des échanges via internet et le 3949, le service s'est considérablement dégradé, les conflits entre l'administration et ses « clients » se sont multipliés. Seul  aspect positif, le suivi mensuel personnalisé (SMP) mis en place pour fliquer les chômeurs s'écroule sous son poids et est aujourd'hui officiellement mort sur le champ de bataille du contrôle social. 

Pour maintenir un semblant de service, et trouver de nouvelles armes de flicages,  Police Emploi vient de nous pondre un nouveau plan stratégique. Ce plan comporte 2 mesures emblématiques : un accompagnement différencié selon les profils suivant leurs degrés d'éloignement de l'emploi et la création  d'équipes de contrôleurs pouvant aller jusqu’à contrôler un demandeur d’emploi chez lui et même tracer ses connexions internet !

Pour résister, nous devons nous regrouper. Nous menons une action contre le contrôle social des chômeurs en proposant un cadre d’informations juridiques et d’actions collectives pour « stopper les radiations » du Pôle Emploi. Qu’est ce qu’on y gagne ? Beaucoup de bons moments et du contrôle social en moins, parce que l'identifiant 147852 P qui ramène vingt accompagnateurs quand son conseiller à l'emploi ou son travailleur social le fait chier a de grandes chances qu’on lui foute la paix quelques temps, même en cette période de pressions accrues. N'hésitez pas à contacter la CNT ou à passer directement à l’une de nos permanences syndicales.