Le RAJFIRE, Réseau pour
l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées, est un collectif féministe qui
lutte pour les droits des femmes étrangères, immigrées, demandeuses d’asile ou
réfugiées. Il a été créé en 1998 mais fait suite à d’autres initiatives féministes
ayant existé antérieurement. C’est une association militante, indépendante de
tout parti ou institution.
site internet : http://rajfire.free.fr/
1) Quel regard
portez-vous sur les politiques migratoires menées ces 10 dernières années
notamment concernant l’accès aux droits des femmes migrantes ?
Claudie : Notre association œuvre
pour la conquête de droits. Face au durcissement des politiques migratoires
mises en œuvre ces dernières années, nous avons interpellé les gouvernements
successifs en vue d’améliorer l’accès aux droits des femmes migrantes exposées
à des problématiques spécifiques : violences, dépendance administrative,
inégalités sociales, vulnérabilité face à la domination patriarcale.
Nous avons agi en
proposant des amendements aux textes de loi et obtenu plusieurs articles
favorables à la protection des femmes migrantes victimes de violences
conjugales. Le second pan de notre action consiste à veiller à l’application
de ces dispositions et l’on ne peut que constater l’arbitraire qui règne
dans les administrations françaises. Nous accueillons lors de nos permanences
des femmes que nous accompagnons dans leurs démarches afin de faire reconnaître
leurs droits, notamment dans l’obtention de titres de séjour. L’engagement
juridique aux côtés des femmes migrantes est pour nous une dimension aussi
essentielle que l’engagement politique et collectif.
2)Femme et étrangère :
une double violence! A partir de la permanence que vous animez tous les mardis
de 16 h 30 à 20 h à la Maison des Femmes de Paris pouvez vous nous expliquer
cette double violence et les pistes à explorer pour y faire face ?
Claudie : La double violence
réside dans l’imbrication de la violence sexiste issue du système patriarcal et
de la violence d’Etat à l’encontre des femmes migrantes. Nous accueillons des femmes victimes de
violences conjugales, des femmes contraintes à la prostitution, à l’esclavage
domestique, soumises au chantage aux papiers. Face à ces situations dramatiques
nous ne pouvons que déplorer l’inaction de l’Etat qui ne remplit pas sa mission
de protection et laisse ces femmes en proie aux violences étayées par les
discours culturalistes, aux inégalités sociales face à l’emploi, face à la maitrise de la langue, à la dépendance
administrative et à la précarité qui en résulte. Pour y faire face, nous
prônons l’accompagnement, la possibilité pour ces femmes de rencontrer des
associations d’entraide, de disposer de lieux d’échange.
Il reste beaucoup à
faire dans le domaine de l’action politique et collective. Nous avons adressé
une lettre ouverte au gouvernement en vue de la constitution d’un groupe de
travail transversal placé sous l’égide du ministère des droits des femmes afin
de faire avancer des changements pratiques
dans l’aide aux femmes migrantes.