30/05/2015

OAF N°8 : L’Etat est fou... de privatisation


La future loi de santé contre les HP

L’Etat regroupe les hôpitaux psychiatriques et réforme leur gestion. Quelles conséquences à Ville Evrard ? Bientôt le retour des asiles où on enferme les fous à défaut de pouvoir les soigner.
Petite mise au point :
Au commencement, les hôpitaux psychiatriques étaient relégués à l’extérieur des villes. L’urbanisation galopante a fini par les englober, sans pour autant les intégrer à la société.
Les structures psychiatriques ont toujours vécu en autarcie :elles étaient les lieux où l’on jetait la lie de la lie de la population, les malades mentaux, « les déments » !!
Avec le temps,les choses se sont un peu estompées mais à peine ? Les fantasmes collectifs sur la dangerosité du malade perdurent, relayés par les journaux à sensation (le Figaro, le Parisien, etc.) et des hommes politiques sensationnalistes (Sarkozy, etc.) responsables du durcissement des lois à l’encontre des malades ! (loi du 5 juillet 2011).

Ville Evrard épargnée…

Ville Evrard, Etablissement Public de santé, a été épargné par la tarification à l’activité faisant déjà partie de la loi précédente, mais pas pour longtemps. Le regroupement par pôles a quant à lui été freiné par la réaction des responsables de structures. En effet, il était question de mutualiser les secteurs adultes et pédopsychiatriques. Pour le coup les médecins-chefs ont agi avec sagesse en préservant leurs chapelles. Les pôles se sont institués par ville sans modifier le fonctionnement existant. Mais qui dit pôle et mutualisation des ressources, dit enveloppe budgétaire resserrée. Les conséquences sont simples : envoyer du jour au lendemain un infirmier pour un remplacement dans une structure qu’il ne connaît pas, non remplacement de départ à la retraite, de congé maternité, d’arrêt maladie. Bref, détérioration des conditions de travail. Et aussi baisse des budgets de fonctionnement au détriment des patients.

mais l’Etat met la pression

Les réorganisationset les demandes de l’ARS (Agence Régionale de Santé) auprès des directions nous laissent penser que la tarification à l’activité est en train de se mettre en place,ainsi que l’instauration des pôles territoriaux.
C’est déjà le cas à l’hôpital de Lagny sur Marne (730 lits),qui est devenu le Centre Hospitalier de Marne la Vallée.Sachant que la psychiatrie est le parent pauvre de l’hospitalier, on peut
.redouter le retour de conditions asilaires 

et la loi va tout casser.

Et d’ailleurs, la future loi de santé publique,adoptée par le conseil des ministres le 15 octobre 2014 et qui sera présentée en début d’année 2015 au parlement, instituera cette détérioration des conditions de traitement en segmentant les prises en charge. Les pôles territoriaux à venir mettront en péril le principe de continuité des soins : la psychiatrie publique ne s’occupera que de la phase aigüe, le médecin généraliste et le psychiatre libéral traiteront la phase de stabilité et le médico-social s’occupera des besoins d’hébergement et de l’offre d’activité. Le patient devra courir d’un lieu à l’autre, d’un médecin à l’autre et avancer les frais qui lui seront remboursés s’il a une bonne mutuelle, sauf bien sûr en cas de dépassements d’honoraires.
Avec pour autre conséquence la fermeture des structures extra-hospitalières (consultations et accueil à temps partiel de proximité) considérées non rentables ou leur transformation en mégastructures instaurant le travail à la chaîne. Une usine à soins à la place d’un hôpital.
En psychiatrie,les choses sont un peu plus compliquées qu’ailleurs. On ne soigne pas une dépression ou une schizophrénie par un emplâtre ou un coup de bistouri ; on ne sait pas à l’avance quand une personne sera stabilisée, il faut du temps pour que le patient puisse être en relation de confiance. Confiance nécessaire et indispensable à un espoir de guérison.

Tout ça pour privatiser
Le but premier de ces réformes est la privatisation du soin. D’un côté, des cliniques privées pour les malades « faciles » et assez riches. De l’autre, l’hôpital public appauvri qui ne pourra bientôt plus proposer autre chose que les pilules sédatives et l’enfermement pour les plus pauvres.