Chez ceux qui réglementent la ville, la mode c'est la "mixité sociale": "on met les riches et les pauvres ensemble et il n'y aura plus de quartier-ghetto de pauvres". En fait, c'est toujours la même histoire. On met les riches dans les quartiers populaires du centre; et les pauvres qui y vivaient, on les met ailleurs, où on veut bien, toujours plus loin. Loin du métro, du RER, des emplois, des commerces, de la famille. Les pauvres du centre étaient pauvres, mais au moins ils étaient dans un centre-ville ou près d'une gare: maintenant ils iront voir ce que cela fait d'être pauvres et perdus loin dans la banlieue. Cette expulsion cachée s'appelle de la gentrification et elle a plusieurs visages, tous injustes.
> Les prix de l'immobilier augmentent sans cesse dans le centre: dehors les pauvres!
> Les promoteurs construisent des lofts chics pour les cadres près du nouveau métro: dehors les pauvres!
> Les hôtels, les bureaux et les centres d'expos remplissent les quartiers centraux: dehors les pauvres!
> Les spéculateurs rachètent et vident des logements en attendant de les revendre: dehors les pauvres!
> Les mairies détruisent les "vilaines" barres d'HLM et dispersent leurs habitants: dehors les pauvres!
> Les élus font du logement social dans le centre, mais pour les classes moyennes: dehors les pauvres!
> L’État empêche les vieilles voitures de rentrer en ville et en polluer l'air: dehors les pauvres!
> La police casse les campements de Rroms et chasse les gens du voyage: dehors les pauvres!
En Chine, on expulse au bulldozer les habitants des quartiers populaires pour faire les JO. En Inde, c'est pour faire des métros. Au Brésil, c'est pour faire des stades. En France aussi, on expulse mais personne ne voit cette violence. Sauf ceux qui sont expulsés. Dans toutes les villes du monde, les habitant-es luttent contre les expulsions et gagnent. Nous avons toutes et tous droit à la ville. Luttons car seule la lutte paie.